Dernière note (2023) Photography by Da Vynci

Dans le silence lourd de la salle de fêtes abandonnée, un piano trône sur la scène, figé dans le temps comme une sculpture égarée au milieu des vestiges d’un autre âge. Autour de lui, les fauteuils poussiéreux sont empilés en désordre, certains renversés, d’autres presque effondrés, témoins d’une époque révolue. Le parquet craqué, recouvert d’une fine pellicule de poussière, résonne sous les pas de ceux qui osent encore franchir la porte, mais la scène elle-même reste suspendue, comme figée dans un dernier acte jamais joué.

Le piano, tout en bois sombre, semble encore se souvenir de la lumière chaude des réverbères et du murmure des conversations joyeuses qui emplissaient autrefois la salle. Ses touches, jaunies et fissurées, attendent patiemment qu’un souffle de vie les réveille, mais le temps a laissé son empreinte : des touches ne répondent plus, certaines sont bloquées, comme si l’instrument lui-même avait décidé de se taire face à l’indifférence de l'abandon. Pourtant, sur son pupitre, une vieille partition est restée ouverte, éparse, les notes murmurant dans l’air lourd et immobile, comme un dernier souffle d’espoir d’entendre à nouveau des mélodies s’échapper de ses entrailles.

Les rideaux qui autrefois cachaient la lumière du jour sont désormais déchirés, suspendus en lambeaux, laissant entrer un rayon pâle de soleil qui effleure à peine les touches usées du piano. La scène, déserte et mélancolique, semble avoir perdu sa raison d’être, comme si la musique qui y avait résonné n’était plus qu’un lointain souvenir. Il n’y a plus de rires, plus de danse. Il ne reste que le piano, solitaire, figé dans l’espace comme une promesse jamais tenue.

Et pourtant, à chaque fois qu’un vent léger traverse la pièce, il semble que le piano souffle un dernier écho, un murmure, une note dissonante qui s’élève dans l’immensité de cette salle de fêtes désormais silencieuse. Peut-être que, dans la solitude de la scène, il attend encore, espérant qu’un jour, quelqu’un, un dernier musicien, vienne reprendre sa mélodie, ravivant l’étreinte entre les touches et les rêves oubliés d’une époque révolue. Mais pour l'instant, il reste là, figé dans l'oubli, comme un vestige du é, une note suspendue dans le vent du temps.

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